Faites infuser – Agir, je viens

Ne desesperez jamais

Bon, j’aurais pu mettre cette devise dans un topic humeur, j’ai préféré la mettre ici. C’est une photo de l’atelier de Henri Michaux que j’ai trouvé en cherchant en texte sur la colère.

Merci. Infuser rend amer, mais l’amertume est un goût comme les autres : j’en aime toute la palette.

Je n’aime pas poster une image, ou une devise, comme ça. Sans commentaire. Je n’avais pas de mots hier soir. Ou plutôt pas de phrase pour les faire raisonner ensemble. Vivre, lutter, aimer, choisir, choyer, soutenir. Projeter. Je retrouve en ce moment des lieux et des situations que je déteste, qui font resurgir le passé. Difficile de relativiser ce que je sais déjà à l’aune de ce que j’ai su. Mais l’idée est là.

Entrer dans le lard ?  Avec douceur et conviction, oui. Merci.

Ce n’est pas la colère que j’ai trouvé chez Michaux, mais :

Agir, je viens

Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n’est plus à l’abandon
Tu n’es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d’où tu revins hagarde n’est plus
Je t’epaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l’escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t’accompliît

Je t’appaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l’enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de l’apeurée
Afflux sur les neiges de la pâleur
Afflux sur son âtre… Et le feu s’y ranime

AGIR JE VIENS
Tes pensées d’élan sont soutenues
Tes pensées d’échec sont affaiblies
J’ai ma force dans ton corps, insinuée
…et ton visage, perdant ses rides, est raffraichi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t’abandonne

La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi

Au nom du nombre le plus élevé, je t’aide
Comme une fumerolle
S’envole tout le pesant de dessus tes épaules accablées
Les têtes méchantes d’autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus

Équipage de renfort
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prends
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi

Plus de tenailles
Plus d’ombres noires
Plus de craintes
Il n’y en à plus trace
Il n’y à plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l’océan ouvert
L’océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d’ivoire.

J’ai lavé le visage de ton avenir.

 

Henri Michaux – « Poésies pour Pouvoir » in « Face aux verrous » – Gallimard, 1967

* * *

Pendant les heures interminables d’attente, je lis une thèse de doctorat sur laquelle je suis tombée par hasard, écrite par un ami d’enfance perdu de vue depuis. Le document est fascinant. Le sujet : « Problématique(s) des rapports soma/psyché dans les neurosciences et dans la psychanalyse. Du réel de la science au réel du parlêtre. »

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