Shara Basara

Deux enfants courent dans les rues de Nara, ancienne capitale du Japon. Deux frères jumeaux. L’un disparait, et ne reviendra pas. Shara, deuxième film de Naomi Kawase, commence ainsi, par la perte, et continue dans la description de l’absence, douloureuse, au sein d’une famille japonaise. Le frère resté seul se retranche dans un mutisme défensif, le dessin toujours renouvelé de son frère disparu, et une amitié pudique avec la jeune Kyu. Le père, artisan fabricant d’encre de chine, se plonge éperdument dans l’organisation de la fête de Basara pendant la longue inactivité que lui impose son art. Naomi Kawase filme tout cela minutieusement, entre la fiction et le documentaire, scrutant tous les détails.

La scène de la fête de Basara arrive aux deux tiers du film, et tout explose ! En tête des danseurs, Kyu, magnifique de détermination et de joie. Son visage illumine l’écran. Derrière, le fils et le père, enfin vivants. Encore une fois, la magie du cinéma s’incarne dans la vérité de ces gens qui vivent sous nos yeux, magnifiés par l’énergie et l’euphorie libératrice de la fête. Cette scène est incroyable de grâce, et en cela elle est rare.

 

La fête de Basara (Basara matsuri)

La fête de Basara, qui est devenue en cinq ans une des grandes fêtes estivales de la région Nara-Kyoto, est un élément essentiel à la compréhension de Shara. Son origine remonte aux époques lointaines de Kamakura (1185-1333) et de Muromachi (1338-1573).
Ce fut d’abord une forme de danse improvisée qui ne suivait pas le rythme de la musique. C’est à partir du XIVe siècle que “Basara” devint un mot connu, à la faveur des troubles politiques provoqués par le schisme impérial entre les dynasties du Sud et du Nord. Les danseurs portaient des costumes aux couleurs criardes et leur chorégraphie était volontairement outrancière afin d’étonner les spectateurs, comme pour mieux signifier les mœurs de cette période violente du Japon. Les mouvements de la danse Basara influeront même plus tard celle du Kabuki et du Nô. Aujourd’hui, la fête de Basara bat son plein chaque année autour de la gare de Nara. Elle est organisée par les commerçants des galeries marchandes et les habitants du quartier qui cherchent à redonner à la ville l’énergie et la force qui l’animaient jadis. Tous les habitants de la ville peuvent y participer. La procession des danseurs est constituée d’un certain nombre de groupes. Chaque groupe est libre de s’habiller, de se maquiller et de danser comme il le veut. La fête de Basara a lieu tous les ans les 30 et 31 août.

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