Je suis retombé sur ça cet après-midi. Des tas de souvenirs ont ressurgi….
J’ai longtemps été fasciné par les pianistes d’ambiance , un type qui traîne au fond d’un grand restaurant chic ou des films américains de l’entre deux guerres, un type que personne écoute et qui sert surtout à camoufler ce qui se dit à la table à coté avec « style » et plus de classe qu’un Juke Box, celui qui fait semblant de se moquer de l’indifférence générale, et qui joue, qui joue pendant des heures, celui que la famille est fière de citer, parce que c’est « l’artiste de la famille » mais une fois qu’on a dit ça , on sait plus trop quoi dire d’autre , et on sort des séries d’évidences de gros lieux communs comme: « il est gentil, mais c’est comme tous les artistes, il est feignant » (c’est p’t’être vrai quelquefois). Hormis ceux qui on réussi alors on dit: « vous avez dû travailler beaucoup pour en arriver là ».
J’ai longtemps voulu être celui qu’on regarde avec un petit sourire plein de circonspection parce qu’on le trouve étrange; « il est pas comm’tout l’monde »… celui qu’on ne comprend pas bien, celui qu’on fait semblant de ne pas voir quand on le croise parc’qu’il ne colle pas ‘vec le décor, parc’ qu’on a peur de tout c’qu’on connait pas, tout c’qu’on comprend pas, parc’ que les étrangers qu’on préfère encore c’est les étrangers de couleur pa’c’ qu’on les r’père de loin….