Les choses que je préfère…

Histoire d’une chanson : My favorite things

« My favorite things » est une chanson du fameux duo Richard Rodgers & Oscar Hammertein II, écrite en 1959 pour la comédie musicale de Broadway « La mélodie du Bonheur » (Sound of Music, en vo). Chantée à l’origine par Mary Martin en duo avec Patricia Neway, la chanson devient rapidement un standard, et reste sûrement la plus célèbre du duo.

En 1961, Julie Andrews reprend la chanson lors d’un show télévisé de Noël, le Garry Moore show, et surtout en 1965 pour le film « La mélodie du Bonheur« , réalisé par Robert Wise, et immense succès commercial – meilleure affluence de tous les temps entre 1966 et 1971, titre assez rare partagé avec « Naissance d’une Nation« , « Autant en emporte le vent », « Le parrain« , « Les dents de la mer« , « La guerre des étoiles« , « E.T.« , « Jurassic Park« , « Titanic » et « Avatar » (Timeline of the highest-grossing film record).

Le texte :

Raindrops on roses and whiskers on kittens,
Bright copper kettles and warm woolen mittens,
Brown paper packages tied up with string;
These are a few of my favourite things!

Cream colored ponies and crisp apple strudels,
Doorbells and sleigh bells and schnitzels with noodles,
Wild geese that fly with the moon on their wings,
These are a few of my favourite things!

Girls in white dresses with blue satin sashes,
Snowflakes that stay on my nose and eye lashes,
Silver white winters that melt into spring,
These are a few of my favourite things!

When the dog bites, when the bee stings,When I’m feeling sad.
I simply remember My favourite things and then I don’t feel – so bad!

En 1961, c’est le saxophoniste John Coltrane qui s’empare de la chanson pour en faire un titre emblématique de son répertoire, véritable signature au point que peu de jazzmen, et en tous cas de saxophonistes, oseront s’attaquer au chef d’œuvre. Le jeu en spirale de Coltrane, ce fameux « chien qui se mord la queue » trouve dans les trois temps de My favorite things » un terrain idéal de jeu, tout comme d’ailleurs McCoy Tyner et son jeu au piano tout en accords (chord voicing). La version de Coltrane fait 14 minutes, et en sortant ainsi du standard de la chansons populaire, on peut affirmer que My favorite things gagne un galon en « légitimité artistique ».

Ce sera d’ailleurs une des ses versions les plus courtes, Coltrane reprenant sans cesse le titre en concert, allongeant sans cesse le temps : Newport 63 : 17 mn, At the Half-Note 65 : 22 mn, Village Vanguard 66 : 20 mn, At Temple University 66 (Offering) : 23 mn, Olatunji 67 : 34 mn.

Si peu de musiciens oseront s’attaquer donc à ce My favorite things devenu monument après le passage de ‘Trane, le titre n’effraiera pas des chanteurs comme Al Jarreau ou des chanteuses comme Sarah Vaughan. On peut aussi noter une très belle version de Wes Montgormery au printemps 1967, accompagné par Herbie Hancock, Richard Davis et David Shaughnessy.

My favorite things sera bien sûr repris dans sa version « populaire » par nombre de crooners et autres soulmen & women, comme Jack Jones, Diana Ross, Barbara Streisand, Tony Bennett, Johnny Matthis, The Carpenters, Luther Vandross, Anita Baker, Dionne Warwick, Kenny G, Carole King ou Mary J. Blige. Deux versions très différents : Diana Ross & The Supremes en 1966, et Mary J. Blige en 2013 :

La version la plus « pop » est peut-être à mettre au crédit du rockeur historique qu’est Rod Stewart (Jeff Beck Group et The Faces, quand même).

A noter également l’étonnant hommage rendu en 2003 par Andre Benjamin « 3000 », rappeur de Outkast, dans le double album Speakerboxxx/The Love Below ou les deux rappeurs du duo signent quasiment deux albums solo. Étonnant, car inattendu, et d’une fidélité exemplaire à la version « Coltrane » – sûrement samplée d’ailleurs :

Une autre version « Rap », pas des plus élégante, mais suffisamment originale pour être distinguée ici, par Family Force 5 en 2012. L’occasion d’écouter du Crunkcore chrétien (!!!), et d’admirer les dessins enfantins de Jennifer Ayers-Gould qui a composée cette vidéo Youtube, m’offrant ainsi l’illustration parfaite pour l’article !

Ces dessins d’enfants me permettent de revenir au sens de cette simili bluette, car il ne faut pas s’y fier : l’écriture originale de la chanson a du mal à cacher son côté obscur et angoissé. My favorite things est une comptine chantée par une jeune fille angoissée dans le but de la rassurer.

Lars Von Trier l’a très bien compris, et va offrir à Bjork en 2000 avec le film « Dancer in the Dark » l’occasion de nous en faire une formidable démonstration.

Je finirai sur la version chantée en 2010 par la coréenne Youn Sun Nah. Quasiment à capella, seulement accompagnée par son kalimba, Youn Sun Nah éclaire My favorite things d’une touche féérique assez inédite. C’est beau, léger et intense, magique !

 

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