Le jazz j’en voyais à la télé, des extraits du festival de Nice ou de Juan les Pins. Rien de bien excitant pour moi, une musique de vieux, pour des vieux…
Un soir, je suis tombé sur une émission consacrée à un pianiste qui venait de mourir, Thelonious Monk. C’était en 1982, j’avais vingt ans. Déjà, je le trouvais étrange ce nom : Thelonious Monk. Je suis resté scotché devant mon écran, devant ce bonhomme au chapeau et à la barbe blanche, qui jouait lentement, des notes étranges, des accords improbables, dissonants. En le voyant des années plus tard, un ami me dira « en fait le jazz c’est l’art de jouer faux » 😉 Je ne comprenais pas vraiment ce que j’entendais, mais ça me fascinait. Transe lancinante, jeu avec le silence et les sonorités, primitif, brutal. Ces mains aussi, qui bougeaient comme je ne l’avais jamais vu. J’avais envie d’aller voir plus loin, de comprendre cette musique qui me surprenait et me touchait. L’impression de quelque chose d’énorme à découvrir. Quelques jours après, j’allais louer plusieurs disques de Monk, et une histoire d’amour musical commençait…