Je me reconnais parfaitement dans ce titre. Savoir ce que l’on veut ? Quelle gageure !
J’ai passé le plus clair de mon temps à me débrouiller comme je pouvais. J’ai longtemps pensé que j’aimais ce que je faisais et que c’était ce que je voulais, mais je pense aujourd’hui – et je crois l’avoir toujours pensé sans me l’être avoué – que c’était plutôt un petit arrangement avec la vie.
Plusieurs boulots, pas toujours choisis, mais que j’ai à peu près réussi à apprivoiser. Une vie de couple qui me semblait normale – avec pourtant des voyants rouges qui clignotaient dans tous les sens. Mais j’aimais bien son côté atypique. Foutaises ! Une reconnaissance sociale et professionnelle qui me satisfaisait – en oubliant d’être ambitieux. Pas mal de passions culturelles : cinéma, littérature, art en général, musique. Pas mal de sport. Mais pas vraiment d’amis – je les perd vite de vue avec le temps. Et un constat au milieu de la quarantaine : j’étais en train de mourir. D’ennui. De ne pas vivre. Toujours à deux endroits en même temps, sur terre et dans les airs. Et je suis lent, à comprendre, à prendre des décisions, à me lancer, à laisser au temps le temps de faire son travail d’usure.
N’empêche, je me suis lancé, j’ai changé de vie. De boulot : allez hop on lance sa petite entreprise, un peu (beaucoup) poussé par des collègues un peu plus jeunes et aventureux. Puis la suite logique, allez hop fini le couple. Mais là aussi, poussé un peu (beaucoup) par celle qui a partagé ma vie ensuite, plus jeune et plus aventureuse. Une décision à la fois volontaire et subie donc… Mais on se refait pas, quand on déteste par dessus tout le conflit, comment faire ?
Je me suis dit que tout ce que j’avais fait jusqu’ici ne valait rien, que mon système de valeurs était de la merde. Autant changer ça aussi. Et c’est un mec complètement perdu qui s’est lancé dans une nouvelle vie amoureuse et professionnelle. Sans en avoir les armes, comme si je découvrais tout à coup les règles du jeu. Un enfant qui découvre la vie à la fin de la quarantaine.
Qu’est-ce que je veux ? Mais bien sur, être heureux. Mais après ? Comment ?
Longtemps, j’ai répondu à cette question : « être un mec bien ». A force de vouloir l’être – tout en ne sachant pas trop ce que ça voulait dire, j’ai surtout fini par être un mec seul. Bien, mais seul.