J’étais une parole qui tentait d’avancer à la vitesse de la pensée
Il fut bientôt évident (dès mon adolescence) que j’étais né pour vivre parmi les monstres
La colère chez moi ne vient pas d’emblée. Si rapide qu’elle soit à naître, elle est précédée d’un grand bonheur, toujours et qui arrive en frissonnant. Il est soufflé d’un coup et la colère se met en boule. Tout en moi prend son poste de combat, et mes muscles qui veulent intervenir me font mal. Mais il n’y a aucun ennemi. Cela me soulagerait d’en avoir. Mais les ennemis que j’ai ne sont pas des corps à battre, car ils manquent totalement de corps. Cependant, après un certain temps, ma colère cède…par fatigue peut-être, car la colère est un équilibre qu’il est pénible de garder… Il y a aussi la satisfaction indéniable d’avoir travaillé et l’illusion encore que les ennemis s’enfuirent renonçant à la lutte.
Si d’un rien on pouvait modifier son équilibre…
Textes et reproductions issues du site, superbe , consacré à Henri Michaux : Henri Michaux, chez Alice