Bientôt deux mois que je me suis inscrit ici, et que j’ai commencé à parler de moi en me demandant ce que je fichais là.
Mogwai me demande au milieu de ce fil si je savais maintenant ce que je fichais là. Oui, maintenant, je le sais.
Une expression favorite est « être entre deux », et j’ai longtemps vécu ainsi. Entre deux mondes, entre réalité et rêve, entre adulte et adolescent, entre deux maisons, entre deux femmes. « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison » dit Eric Rohmer en prélude aux Nuits de la pleine lune. Et quand on a plus rien, on perd quoi ?
Pendant toutes ces années, je n’ai jamais été vraiment moi même, toujours coincé dans cette bulle qui m’empêchait de m’affirmer, de me lâcher. Plutôt observateur qu’acteur, j’ai ainsi vu ma vie filer, parfois vite, parfois plus lentement, mais toujours inexorablement. Ces dernières années, un étonnant instinct de survie m’a poussé à casser tout cela, cette fuite en avant. Je n’étais hélas pas encore prêt, toujours coincé dans des principes ridicules d’engagement, de culpabilité, incapable d’exprimer mes émotions et mes sentiments. J’avais perdu mon identité, ne savait plus qui j’étais, et n’était plus qu’une idée de quelqu’un que j’aurais aimé être, mais qui n’était toujours pas moi. Je n’avais plus ni socle ni fondations. C’est donc un mec perdu qui est arrivé ici, timidement, en se demandant si il y avait une petite lueur d’espoir à aller chercher du côté de cette foutue « douance » si longtemps refoulée.
Qu’ai je trouvé ici ? Tout d’abord les pièces manquantes au puzzle de ma vie. Des clés permettant de mieux comprendre ce mal être et ces difficultés relationnelles. Ensuite une identité : j’ai enfin compris que tout ce que j’avais laissé derrière moi était partie intégrante de ce que je suis. Cette culture amassée, ces souvenirs, cette histoire, c’est mes bagages, et non pas mon fardeau. Ma richesse, enfin assumée. Et ces bagages, tout à coup, se sont allégés.
Et le plus important : j’ai rencontré des gens passionnants et touchants, qui me ressemblaient, avec qui je n’étais plus entre deux, mais entièrement. J’ai enfin trouvé quelque chose qui ressemble à ce mot dont je ne savait trop quoi faire : l’amour. L’amour réconcilié avec moi même d’abord. Puis celui des autres : j’aime tous ces foutus zèbres que je croise ici ou là, bien sur plus ou moins selon les affinités, mais comme dirait Isanoff : je les kiffe. Non seulement je les aime, mais on dirait en plus qu’ils m’aiment. Incroyable 😉 Et puis une, plus fort que les autres, sans trop savoir encore comment quantifier cela, mais en sachant qu’il ne servait à rien de le quantifier justement, de le brider, le délimiter, mais juste le vivre. En toute simplicité. Et ce mot, simplicité, il représente énormément pour le mec tordu que je suis 😉
J’ai beaucoup moins envie d’écrire sur mon fil, beaucoup moins le besoin. Je suis aujourd’hui ici pour rencontrer, le plus de monde possible, jusqu’à satiété. Maintenant que je vous ai trouvé, et que je sais qui je suis.
C’est avec joie et sérénité que j’écris tout cela 🙂
Bien sur rien n’est encore gagné sur cette longue marche, ce métier de vivre (pour paraphraser Pavese). Mais j’en vois aujourd’hui le chemin, et les barrières qui le jonche ne demandent qu’à être enjambées.
Merci à vous tous.